Quels outils de mesure pour relocaliser ?
La crise sanitaire du Covid-19 a mis en évidence la vulnérabilité des modes de fonctionnement de nos économies. Elle interroge l’organisation de notre système de production. Face aux faiblesses des chaînes d’approvisionnement à rallonge fondées sur les flux tendus, les appels à relocaliser se multiplient.
Goodwill-management s’appuie sur son expertise en mesure d’empreintes socio-économique et environnementale pour apporter quelques éclairages sur les enjeux associés à la relocalisation. Quels sont les méthodes de calcul et les outils pour modéliser les impacts liés à la relocalisation ?
Le replay du webinaire sur les outils de la relocalisation
La relocalisation, un enjeu stratégique pour la France
La crise sanitaire et économique de 2020 a permis une prise de conscience collective sur notre dépendance pour la fourniture de produits vitaux. La France s’est ainsi trouvée en pénurie de produits dont elle avait cruellement besoin : masques, principes actifs de médicaments, aliments…
Cette dépendance est la conséquence du mouvement global de délocalisation en cours depuis plusieurs dizaines d’années. Dans ce contexte de pandémie, les échanges internationaux ont fortement ralenti, perturbant le fonctionnement des chaînes de production internationales à flux tendus.
Face à cette crise et la mise en évidence de notre dépendance, les appels à la relocalisation se multiplient. De nombreuses voix, y compris au sein du gouvernement, s’élèvent en faveur d’une réflexion sur le recours à des circuits plus courts, en particulier pour les secteurs stratégiques de l’économie : alimentation, santé…
Cette question n’est pas nouvelle : les tensions autour du rapatriement des circuits de production existent depuis plusieurs années, notamment entre l’Union Européenne, les Etats-Unis et la Chine.
Mais il reste actuellement un long chemin à parcourir avant d’arriver à une régionalisation des chaines d’approvisionnement. Les filières locales dans les pays occidentaux ont en effet été affaiblies par des années de délocalisation, et l’avantage prix des pays à faible coût de main d’œuvre est encore présent. Face à ce sujet stratégique, la question d’éventuels mécanismes économiques mis en place au niveau national ou européen reste ouverte.
Pour privilégier les achats locaux dans certaines filières, différentes solutions peuvent être envisagées :
- Les réglementations,
- Les subventions,
- La fiscalité…
Les impacts de la relocalisation sur le territoire
Est-ce qu’une entreprise a intérêt à relocaliser ? Pour répondre, il est nécessaire d’identifier les impacts d’une politique de relocalisation sur les plans économique, social et environnemental.
Sur le plan économique, la relocalisation, si elle coûte souvent plus chère, apporte de nombreux bénéfices :
- La création d’emploi ;
- La montée en compétence de la main d’œuvre local ;
- Le développement de filières d’approvisionnement plus résilientes qui permettent une meilleure maîtrise des risques ;
- Les économies sur les frais de transport, de logistique et de stockage ;
- Ou encore amélioration de l’image de marque.
La relocalisation possède également un intérêt social avec
- Un meilleur dialogue entre les parties prenantes ;
- Le respect des standards de sécurité des produits ;
- La conformité à des standards de sécurité des employés
- Et un droit du travail souvent plus strict en France.
Sur le plan environnemental enfin, la relocalisation permet de réduire la pollution en limitant les échanges et les transports de marchandises par voies routières, ferroviaires et aériennes.
En revanche, elle s’accompagne également d’une relocalisation de la pollution.
Une fois ces impacts identifiés, quels sont les outils pour relocaliser et les mesurer ?
Comment mesurer les impacts de la relocalisation ? Quels outils pour relocaliser ?
Aujourd’hui, deux outils sont utilisés pour modéliser les impacts de la relocalisation : l’empreinte socio-économique, et l’empreinte environnementale.
L’empreinte socio-économique
L’empreinte socio-économique permet de mesurer le PIB et les emplois soutenus sur un territoire donné. Pour la mesurer, on utilise l’outil Thésaurus-Leontief, qui s’appuie sur les travaux du prix Nobel Wassily Leontief sur les matrices input-output. Cette méthode représente la manière la réaliste le fonctionnement de l’économie, en retraçant les liens et les relations d’interdépendance entre les différents secteurs d’activités. En entrant les données liées aux achats d’une entreprise, les salaires qu’elle verse et les impôts et taxes qu’elle paie, cet outil permet d’estimer l’impact direct, indirect et induit en emplois et en valeur ajoutée.
L’empreinte environnementale
L’empreinte environnementale, elle, permet de mesurer l’impact d’une entreprise sur son territoire d’implantation. Pour la mesurer, on s’appuie sur la méthode EP&L (environmental profit & loss). Cet outil permet de mesurer les données environnementales des activités de production des entreprises et de leurs chaines de fournisseurs :
- Utilisation d’eau ;
- De matériaux ;
- De surfaces naturelles ;
- Le rejet des polluants dans l’eau et l’atmosphère ;
- Les émission de gaz à effet de serre
- La production de déchets.
Une fois ces éléments mesurés, l’empreinte environnementale permet de les valoriser en euros.
La relocalisation de la production sur le territoire a des impacts considérables, qui expliquent sa résurgence dans le débat public. Ce débat touche à la fois à la résilience du territoire (santé, alimentation) et les questions économiques, sociales et environnementales. Les empreintes socio-économique et environnementale permettent alors de mesurer précisément ces impacts et de mieux orienter les décisions stratégiques.
Au-delà du territoire, la relocalisation peut également avoir des impacts considérables pour l’entreprise avec :
- La réduction des coûts de transports et des délais,
- De meilleures relations fournisseurs ;
- De meilleures conditions de travail
- Le renforcement du dialogue avec les parties prenantes ;
- Une meilleure maitrise des risques sociaux et environnementaux ;
- Et l’amélioration de l’image de marque.
Pour aller plus loin
- L’empreinte socio-économique
- La méthode Thésaurus-Leontief
- La plateforme Goodwill-Digital