À la demande de la CCI de Corse, Goodwill-management a conduit une étude sur les difficultés rencontrées par les entreprises situées en Corse, dues à l’insularité.
En effet, les caractéristiques spécifiques aux îles engendrent des difficultés pour les entreprises. Celles-ci supportent alors des coûts supplémentaires, ou « surcoûts », par rapport aux entreprises situées sur le continent pouvant nuire à leur compétitivité.
Une première : l’étude de l’impact de l’insularité en Corse
L’objectif de cette étude est d’identifier et d’estimer financièrement les différents coûts cachés affectant la performance économique des entreprises situées en Corse. C’est une première puisque ce rapport inédit remis à Bercy met en lumière les coûts supplémentaires supportés par les entreprises corses. S’appuyant à la fois sur des études académiques et une enquête réalisée auprès de plus de 500 entreprises, ce rapport fournit ainsi une démonstration solide et chiffrée qui vient conforter le ressenti des chefs d’entreprise corses.
Insularité : 12 coûts supplémentaires supportés par les entreprises de la Corse
Si la problématique des coûts cachés n’est pas exclusive à la Corse, il faut noter que les caractéristiques du territoire corse imposent à l’économie et aux entreprises une accumulation de contraintes qui génèrent des coûts cachés.
En effet, les trois caractéristiques suivantes engendrent des difficultés et des coûts supplémentaires :
- L’éloignement géographique : les entreprises rencontrent des difficultés liées au déplacements de personnes et de marchandises.
- L’étroitesse du marché insulaire : la petite taille du marché affecte les approvisionnements en équipements et en matières premières mais aussi le marché de l’emploi. Il réduit ainsi les possibilités d’économies d’échelle.
- Les incertitudes d’approvisionnements : celles-ci sont liées aux infrastructures routières insuffisantes, à l’hyper-saisonnalité de l’activité économique et aux aléas sociaux et météorologiques.
L’ensemble de ces difficultés entraînent des surcoûts pour les entreprises. Douze surcoûts ont ainsi été identifiés :
Fret maritime insularit Prix du fret maritime
Frais de déplacement vers le continent
Durées importantes de vacances de poste
Sur-stockage
Perte de productivité liée au déplacement vers le continent
Risque d’échec du recrutement
Suréquipement
Sur-temps de transport routier intra-corse
Besoin de formation interne plus important
Perte de production due aux aléas météorologiques
Charges d’approvisionnement importantes
Recours à des salariés ne résidant pas en Corse
Résultat : les surcoûts dus à l’insularité pénalisent l’économie corse
Évalué pour un échantillon de plus de 500 entreprises situées en Corse, le surcoût total annuel moyen d’une entreprise représente ainsi en moyenne 10 % de son chiffre d’affaires par an.
L’enquête révèle que les petites entreprises semblent particulièrement fragilisées par l’insularité. Les coûts supplémentaires liés à leur capital humain pénalisent le plus les petites entreprises : difficulté de recrutement, pénurie de salariés qualifiés sur l’île, vacances de postes importantes, limites de la formation en Corse, etc.
Afin d’apporter un nouvel éclairage sur les difficultés rencontrées par les entreprises corses, l’étude propose une estimation du surcoût lié à l’insularité pour l’ensemble de l’économie corse. Pour cela, les résultats obtenus sur l’échantillon ont été extrapolés vers l’ensemble de l’économie corse. Le surcoût total supporté par les entreprises situées en Corse est ainsi estimé entre 700 M€ et 1,5 Md€.
En conclusion
Cette étude démontre les véritables difficultés auxquelles font face les entreprises situées en Corse, que la seule vision comptable ne permet pas d’appréhender et qui pénalisent pourtant leur compétitivité.
Cette démarche inédite et novatrice appelle à des études complémentaires permettant d’affiner les ordres de grandeur obtenus et de comparer les impacts de l’insularité entre les différentes catégories d’entreprises (en fonction de leurs secteurs d’activités, de leur localisation géographique ou encore de la taille de l’entreprise).
Pour aller plus loin :
- Reportage de France 3
- Article du Figaro
- Article de Corse Matin